Quand Guillaume était un petit garçon de 7 ans, il a commencé l’apprentissage du violoncelle. Pour l’aider dans la semaine, j’avais obtenu l’autorisation de l’accompagner aux cours.
C’est ainsi que j’ai rencontré son professeur et j’ai pu admirer comme il s’occupait bien de mon fils. C’était un homme grand et mince, un peu original, chaleureux. J’avais l’impression qu’il avait de longs bras mais c’est parce que quand il jouait du violoncelle, il « s’enroulait » autour de son instrument ou au contraire, prenait de la distance en se redressant. J’imaginais que les cordes tenaient les doigts qui tenaient les bras, qui tenaient les épaules…Comme si tout partait des cordes.
Quand il préparait ses élèves pour une audition ou un examen, il travaillait avec eux en même temps la technique et le jeu. Le but de l’enfant n’était pas d’enchaîner des notes mais de produire une belle musique, d’exprimer des sentiments.
Il expliquait :
« Regarde, je vais jouer cet extrait de deux manières, écoute bien et dis-moi celle que tu préfères. »
Ainsi, Guillaume apprenait un geste pour jouer plus beau !
Enfin, le petit violoncelliste était prêt, il avait rencontré son pianiste pour une ou deux répétitions, il allait donc monter sur scène. Il était encore très petit alors le professeur l’installait (il fallait une chaise à la bonne taille) et lui accordait son instrument. Quand il lui donnait le violoncelle puis vérifiait la position, il mettait beaucoup de douceur dans ses gestes. Puis il lui disait quelques mots.
A ce moment, j’avais l’impression qu’il avait mis l’enfant sur les rails et lui avait donné le bon élan. Sans crainte apparente, mon petit garçon jouait sa pièce avec beaucoup d’application, très concentré sur l’écoute et l’interprétation.
Plus tard, Guillaume s’installera et s’accordera tout seul mais toujours sous le regard et l’oreille attentifs de son professeur.
Cette bienveillance et cette attention dans les gestes me semblaient efficaces et admirables. Je pense que c’est un modèle de pédagogie.
21 février 2020