Hommage

28 octobre 1932, une petite fille voit le jour à la clinique des 9 soleils à Clermont-Ferrand. Ses parents, Louis et Françoise, la prénomment Odette. Elle sera la dernière d’une famille de 4 enfants.
Malheureusement, la maman décède le 11 novembre suivant.
Odette est alors confiée à une nourrice aux Martres de Verre dans le Puy de dôme, où elle grandit jusqu’à ses 3 ans.
En effet, à 3 ans elle a l’âge requis pour entrer à la pension Michelin, La Peyrouse, à Billom. Son père la transporte avec son vélo équipé d’une remorque. Il laisse la petite fille aux bons soins des sœurs.
Elle reste au jardin d’enfants jusqu’à ses 6 ans où elle entre chez les écolières. Elle dit avoir été heureuse la plupart du temps et racontait volontiers des anecdotes plus ou moins drôles et parfois tristes de cette période. Son père lui rendait visite et lui envoyait des lettres avec l’aide d’une voisine.
A 12 ans, elle va passer l’été chez sa sœur à Cannes. Ce sera pour elle une grande découverte.
Elle quitte la pension l’année de ses 15 ans. Elle vit alors avec son père, fréquentant des cours d’enseignement ménager avec le projet de devenir apprentie couturière l’année suivante.
Mais un soir, Louis est victime d’ un grave accident de la circulation. Il est hospitalisé et décède 3 jours plus tard.
A partir de 1948, elle va vivre à Stains en région parisienne. Quelques mois chez son frère puis chez les sœurs de la ville où elle commence à travailler. Là encore, elle nous racontait ses fous rires avec les copines et sa peur de s’occuper des personnes âgées qu’elle voyait mourir. Elle reste dans cette institution jusqu’à ses 19 ans.
Enfin, son frère lui trouve une place auprès d’une famille aisée, où elle devra s’occuper des enfants. Là, ce n’est que du bonheur, elle découvre la vie en famille, les spectacles, Paris-Plage. Elle est très appréciée de ses patrons.
Trois ans après, elle rencontre Jean. Rapidement, ils s’aiment et font le projet de se marier et de fonder une famille. Le mariage a lieu le 4 juin 1955. Ils s’installent à Bourges dans une première maison où ils ont leurs deux enfants. 3 ans après ils achètent une nouvelle maison qui correspond mieux à leurs attentes.
Odette reste à la maison. Elle élève ses enfants et gère son intérieur avec passion et application. Plus tard, elle dira qu’elle a toujours aimé prendre soin de sa maison. Elle est une maman très présente et affectueuse.
En 1969, ils acquièrent la maison de Boisgibault pour un projet de vacances puis de retraite. Jean, Odette et Jean-Marc y travailleront intensément pendant des années pour rendre ce lieu accueillant et confortable.
Les années passent. Les enfants grandissent. En 1975, toute la famille va s’installer à Cusset dans l’Allier.
Jean et Odette restent à Cusset jusqu’à la retraite de Jean en 1982.
Quand la retraite arrive, ils quittent la maison de Cusset pour s’installer totalement à Boisgibault. Ils y sont très heureux, s’investissant dans la commune. Odette enseigne le catéchisme et conduit un atelier de couture pour des enfants. Ils voyagent beaucoup, avec la famille, avec les amis.
Dans les années 90, ils décident d’acheter un appartement à Bourges pour leurs vieux jours.
Mais Jean commence à souffrir de la maladie qui l’emportera. Il assure, malgré tout, les travaux de rénovation de l’appartement. Odette lui apporte une aide active et efficace.
Enfin, ils s’installent dans leur appartement de Bourges en 1999. Jean est de plus en plus fatigué. Il décède le 19 juillet 2001.
Odette se retrouve seule. Il est particulièrement difficile pour elle de ne plus avoir à prendre soin de personne.
Elle s’intègre quand même bien dans son quartier et dans son immeuble où tous l’apprécient. Elle continue sa vie, tant bien que mal jusqu’en 2007 dans son appartement.
Mais en 2006, la maladie la rattrape. Le verdict tombe : maladie d’Alzheimer. De manière progressive mais implacable, la maladie progresse pendant 14 longues années.
En 2007, elle s’installe dans un foyer logement à Vichy, où elle passe 4 années. Elle est heureuse d’avoir de la compagnie mais reste terrorisée par l’avancée de la maladie dont elle a conscience et commence à ne plus faire confiance à son entourage.
C’est pourquoi, en 2011, elle entre en l’EHPAD Clermont-Ferrand où elle est très entourée et occupée, ce qui lui permet de passer le cap difficile de la perte de conscience. Elle est ensuite placée en unité protégée où on prend soin d’elle avec attention et bienveillance.
Elle s’est éteinte le premier mai dernier à l’EHPAD des 9 soleils, située très exactement à l’emplacement de la clinique où elle était née un jour d’automne 1932.

Texte rédigé pour ses obsèques qui ont eu lieu le 6 mai 2020