Au crépuscule

Tu étais une herbe sauvage et rustique, fièrement plantée, résistant aux caprices du temps, observant le futur avec l’œil du passé.

Tu es maintenant au crépuscule de ta vie. Que vois-tu ? Tes yeux clairs scrutent l’infini. Ils effleurent lentement l’environnement, s’attardant sur ce qui t’étonne. Ton regard me traverse, tu ne me connais plus.

Je te vois changer. Ton corps, modelé par les ans devient pesant et immobile. La terre est ainsi en automne, lessivée mais jonchée de couleurs chaudes. Le vent, la pluie et la faune transforment le bois mort en humus qui nourrira la vie future. Moi, c’est contre toi que je me ressource.

Tu vis entre chien et loup. Tes cheveux marqués du signe de l’oreiller, les rides qui te parent sont les témoins du temps passé. Tu n’attends plus rien. Il n’y a plus de temps.

Tu t’éloignes comme le jour s’éteint peu à peu et laisse place à la lumière du couchant. Tu me laisseras le souvenir de tes yeux clairs, comme la source, avant qu’elle ne pénètre dans la terre.

15 décembre 2017