chanson de l’heur

 

I

la maison d’un artiste

qui tenait les pierres en horreur

fatiguait trop ma sœur

qui était venue par erreur


l’escalier portait un bois

cruel laid froid

il coupa son seul palier

et l’envoya bouler


c’est pourquoi

l’escalier

tenait les pierres par erreur


sentez la peur

courbez le dos

erreur

erreur

sautez de haut

II

la maison d’un artiste

qui n’était ni fou ni lâche

et aimait une sophiste

qui n’était ni folle ni lâche

mais un troisième c’est navrant

pensait autrement et dans une crise

hurla son ressentiment

fermant sur eux son emprise

ni artiste

ni sophiste

n’étaient plus ni fous ni lâche


sentez la rancœur

courbez l’échine

horreur

horreur

sautez de la colline

III

la chanson d’un humaniste

qui sentait les pierres comme horreur

qui était donc anarchiste

comme tous les amis de ma sœur


un sergent portait des gants

il cassa vite sa cravate

mis des gants en astrakan

et chanta une sonate


c’est touchant

les acteurs

ne tenaient plus les pierres en horreur


sautez dans la couleur

dressez la tête

bon heur

bon heur

santé j’arrête


atelier de poésie du 25 novembre 2015