(les mots en gras sont imposés)
La jeune femme entre dans le musée, près de la cathédrale. Nous sommes le 8 mars, journée de la femme dans le monde. C’est pourquoi le conservateur inaugure une exposition dédiée à trois femmes peintres.
Elle se glisse parmi les visiteurs et glane leurs commentaires.
– Oh, c’est dingue, ce cheval a l’air vivant !
– Et sur ce portrait, la comtesse ressemble à une poupée avec son maquillage et ses vêtements chatoyants.
– Saperlipopette, cette miniature de la vierge à l’enfant est si fine, si précise ! Même les auréoles des personnages sont divines.
A ce moment, le conservateur entre dans la salle. Immédiatement, les bavardages cessent. L’homme prend la parole :
– En l’honneur de ce jour traditionnellement réservé aux femmes, je tenais à mettre à l’honneur ces trois œuvres créées par des femmes. Je ne pouvais pas faire mieux car ce sont les seules œuvres du musée dans ce cas.
Bon, elles ne sont pas de grande valeur, leurs sujets sont mièvres et sans profondeur. D’ailleurs, vous savez que dans la Genèse, Eve est créée à partir d’une côte d’Adam. C’est pareil en art, les femmes ne savent que copier ce que les hommes ont inventé !
La jeune femme sent monter en elle la colère :
– Cessez, Monsieur, vous ne comprenez rien ! Votre raisonnement est d’une autre époque, révolue heureusement !
Aujourd’hui, les femmes sont autonomes pour la plupart. Elles se soutiennent et elles portent un regard neuf sur leur histoire.
Sachez que dans le programme d’Histoire de l’école élémentaire actuel, les enfants étudient autant à propos de femmes célèbres que d’hommes célèbres. Mettez-vous à la page et oubliez vos discours misogynes.
Je pense à la chanson de Renaud à propos des femmes : elles ne sont pas malhonnêtes, pas violentes, pas hooligans, pas fanatiques ! C’est déjà bien mais on peut aussi parler des femmes de manière positive. Elles ont fait preuve d’un tel courage et d’une telle détermination pour faire évoluer leur condition !
A ce moment, tous les visiteurs, convaincus, se mirent à applaudir. Et, comme par magie, le conservateur disparut, évanoui dans l’espace de la petite salle du vieux musée.
8 mars 2020