Les quatre saisons du chalet

Été 1880

Isidore : Voilà, nous sommes presque arrivés. Nous serons bien, tu verras. J’ai passé tous mes étés dans ce chalet quand j’étais enfant. Je suis tellement heureux de te faire partager cet endroit !

Clémentine : J’ai hâte d’y être. La route a été longue et il fait si chaud. Mais je suis bien avec toi.

Isidore : Regarde, nous arrivons. C’est le lac !

Clémentine : Il scintille sous le soleil ! Allez, on court !

Ils arrivent enfin devant le chalet. Ils s’installent joyeusement sur le ponton pour déguster le pain et le fromage qu’ils ont apportés.

Clémentine : Nous allons passer un été merveilleux. Nous pourrons pêcher et nager.

Isidore : Et canoter ! Il y a une barque à l’arrière.

Automne 1918

Simone : L’armistice est signé, la guerre est finie !

Jacqueline, très pâle : Je suis heureuse et désolée en même temps. Nous étions bien ici toutes les quatre, loin de tout ! Et nous avons si peu de nouvelles de nos hommes que j’ai peur de ce que nous allons apprendre.

Odette, entourant Jacqueline de son bras : Réjouissons-nous ma belle ! Ayons confiance. Depuis quatre ans nous sommes dans l’incertitude et la misère mais nous avons surmonté tellement de difficultés ensemble. Ne baissons pas les bras !

Élise : Ah Odette, tu es le soleil incarné ! Mais tu as raison, réjouissons-nous ! J’ai trouvé de magnifiques cèpes au bord du lac et nous avons des œufs. Nous allons faire un vrai repas de fête.

Regardez, même la nature étale ses couleurs de lumière !

Hiver 1956

Jean : Venez avec moi les enfants, nous allons rentrer du bois. Avec ce froid, nous ne devons pas laisser le poêle s’éteindre.

Charlotte, tristement : Je regrette le confort de notre appartement et le temps où nous pouvions vivre sans toujours compter.

Jean : Je suis désolé. Les affaires ne marchaient plus, je me suis retrouvé sans revenus. Je sais que tu es déçue mais les choses vont s’arranger. Nous sommes au chaud, nous mangeons à notre faim.

Jean-Paul : Ne sois pas triste maman. Moi j’aime bien vivre là, comme Robinson Crusoë.

Sylvie : Quand c’est la nuit, même s’il neige et que le vent souffle, j’adore nous sentir tous les quatre bien au chaud. Je n’ai jamais peur. Allons chercher le bois papa et après, on pourrait préparer des crêpes.

Printemps 2000

Sylvie : Alors, qu’en dites-vous de mon chalet ?

Aurélie : Oh mamie, j’adore ! Ça va être des super vacances. Regarde, on va même pouvoir ramer, il y a une barque !

Sébastien : Est-ce que nous pourrons pêcher, mamie ?

Sylvie : Tout ce que vous voudrez, et nous allons faire des randonnées dans la forêt, trouver des champignons et des jonquilles, écouter le chant des oiseaux et nous raconter des histoires le soir au coin du feu ! Mais pour l’instant, venez goûter mon gâteau au chocolat, vous m’en direz des nouvelles !

20 octobre 2019

Roselyne : Je regarde la photo du chalet sur le lac et je pense à tout ce qu’on pourrait vivre à l’intérieur avec amour, amitié ou tendresse entre des personnes contraintes à une vie sans confort. J’ai des idées de barque sur le lac, de pique-nique en forêt, de fraîcheur de l’eau en été et de chaleur du feu en hiver. J’imagine de gais repas confectionnés avec ce qu’on récolte dans la nature. Je ressens le plaisir d’un huit-clos, parenthèse inoubliable dans une existence plus ou moins ordinaire.