L’histoire d’une rencontre
Consignes :
Utiliser les adjectifs dégingandé et élégant
Un personnage doit sortir d’une gare
Leur faire porter un chapeau et des baskets
Leur rencontre a lieu sur les marches de l’Opéra Garnier
Ferdinand hâta le pas en traînant sa valise. Il arrivait de Clermont-Ferrand où il avait rendu visite à sa mère. Son train était arrivé en gare de Bercy avec un peu de retard. Il avait réservé sa place à l’Opéra Garnier pour assister à une représentation de Carmen. Il calcula que s’il continuait à cette allure, il ne serait pas arrivé à temps. Il se décida alors à appeler un taxi.
Léon avait choisi ses vêtements avec soin : costume trois pièces, cravate Lavallière, élégantes chaussures Italiennes. Il avait complété sa tenue avec un chapeau melon démodé mais superbe ! Il avait réservé sa place au spectacle de Carmen que l’on donnait ce soir-là à l’Opéra Garnier.
Le taxi de Ferdinand se déplaçait à vive allure. Il traversait sans encombre tous les embouteillages. Ferdinand reprit alors espoir, il serait à l’heure. Il rêvait déjà de la voix et du jeu de scène de Roberto Alagna. Celui-ci avait un peu dépassé l’âge de jouer un jeune premier mais bon, le talent était bien là. Ferdinand aimait le côté naturel et spontané de ce chanteur.
Léon regarda une dernière fois ses fiches, fruits d’un laborieux travail de recherche. Il connaissait chaque chanteur et chaque rôle, avait écouté d’autres version de l’opéra de Bizet et mémorisé des dates à n’en plus finir. Sa passion du détail faisait sourire les gens qui le connaissaient.
Le taxi se gara aussi près que possible de l’Opéra. Ferdinand se déploya difficilement pour sortir du véhicule. C’était un homme très grand, dégingandé, qui portait un long manteau noir et bizarrement des baskets orange, de pointure 47.
Ferdinand monta quatre à quatre les marches de l’Opéra et se plaça dans la file des personnes venues avec leur billet. Il se trouvait placé devant un petit homme à l’allure soignée qui feuilletait attentivement un carnet.
Léon eut juste le temps d’apercevoir deux immenses baskets orange, puis il présenta son billet et entra dans la salle, précédé par l’ouvreuse.
A sa suite, Ferdinand entra et fut placé lui aussi. Il se rendit compte immédiatement qu’il allait être pile devant le petit homme affairé.
Léon vit se placer devant lui ce grand échalas qui le suivait sur les marches et comprit alors avec terreur qu’il ne verrait rien du spectacle. Il fut alors submergé par la déception. Depuis des mois, il attendait cette soirée !
Ferdinand, que sa haute taille embarrassait dans les lieux publics, eut pitié du petit homme. Il se retourna et lui proposa d’échanger leurs places.
Léon refusa énergiquement. Non, chacun à sa place ! Il n’est pas question de changer quoi que ce soit !
Ferdinand se le tint pour dit.
Léon cogitait toujours. Tout à coup, il eut une idée : Mon chapeau ! Il est solide et je ne suis pas bien lourd ! Ni une ni deux, notre petit bonhomme s’assit sur son chapeau ! Il sourit alors, tout à son bonheur, sans réfléchir plus à ceux qui se trouvaient derrière lui.
Le spectacle commença. Roberto Alagna parut dans sa tenue de soldat et commença le premier chant. Alors Ferdinand et Léon vécurent trois heures de délices.
Avril 2019