Conte cosmogonique

Aux premiers temps n’existait que le vide. Vide de formes, de couleurs, d’odeurs…Dans ce vide, dans l’obscurité du néant, vivait une ourse. Seule dans cette immensité, elle s’ennuyait.

Alors elle pensa :

Je vais créer le feu. Il m’apportera lumière et chaleur.

Par une danse magique, elle créa le feu.

Mais emportée par sa danse, elle s’en approcha dangereusement et se brûla. Ses cris de douleur retentirent dans tout l’espace.

Alors, elle pensa :

Je vais créer la terre pour envelopper le feu. Elle me protégera et je pourrai m’y reposer.

Par un chant magique, elle créa la terre ronde autour du feu.

Puis elle s’allongea et se reposa sur la terre fraîchement modelée. Mais le feu chauffait bien à l’intérieur de la terre et l’ourse originelle avait besoin de se déplacer à tout instant.

Alors, elle pensa :

Je vais créer l’air. Il sera en mouvement tout autour de la terre. Il pourra être frais ou chaud, rapide ou lent, violent ou caressant.

Après la naissance de l’air, l’ourse se sentit bien et elle pensa que ses créations étaient merveilleuses.

Mais un peu plus tard, elle voulut perfectionner son œuvre.

Alors, elle pensa :

Je voudrais créer des êtres vivants pour peupler cet espace.

Elle savait bien qu’il lui fallait un milieu propice à l’éclosion de la vie. C’est pourquoi elle créa l’eau.

Et l’eau se mit à circuler librement sur la terre. Chauffée par le feu, elle jaillissait des profondeurs. Puis l’air la refroidissait et elle formait des océans.

Et voilà que du feu et de la terre naquirent les montagnes.

Et voilà que de l’air et de l’eau naquirent les nuages.

Enfin, la vie apparut : dans une toute petite goutte d’eau, une toute petite cellule apprit à se diviser encore et encore !

L’ourse laissa les éléments se combiner. Alors, les organismes se complexifièrent en toute liberté.

L’ourse vit que ce qui advenait était merveilleux. Mais elle comprit très vite que sa création allait désormais vivre et prospérer sans elle en toute autonomie.

C’est pourquoi l’ourse pensa :

Que puis-je faire pour cet enfant-monde qui m’oublie peu à peu ? Que vais-je lui léguer ?

Alors, dans un dernier élan, l’ourse alla puiser une flamme, façonna une boule de terre et mêla les deux éléments avec un peu d’eau des océans. Puis elle se recouvrit de ce mélange et fit appel à l’air pour conduire son œuvre.

Elle rassembla alors toutes ses forces et explosa. Se dispersant tout autour de la terre et tout autour des océans, elle forma la toile du ciel. Puis elle s’émietta sur cette toile et éclaira chaque élément avec le feu.

Enfin, pour que son enfant-monde se souvienne d’elle, elle forma la constellation de la grande ourse. Et pour qu’il sache combien elle l’avait aimé, elle ajouta la constellation de la petite ourse.

Ainsi commença une nouvelle éternité.

12/11/2018