La première partie a été écrite d’après Francesco Biamonti, dans son roman , Attente sur la mer.
Anna était enfin sur le chemin de chez elle. Elle reconnaissait le murmure de la terre escarpée, pareil à celui qui revenait dans sa mémoire quand elle était de l’autre côté des mers.
– Tu débarques ? lui demanda Marius, assis sur le bord entre les genêts qui répandaient une odeur douçâtre.
– ça ne te fait pas plaisir de me voir ?
– Je suis bien content. Les gens qui s’en vont sont plus nombreux que les gens qui reviennent. Je t’aide à porter ta valise ?
– Tu es plus âgé que moi, je ne veux pas abuser.
– J’ai l’habitude de porter des poids.
– Ce n’est pas une raison. Je ne sais pas pourquoi le car m’a laissée en bas…
Et voici la suite
– Le car ne monte plus car il n’y a pas assez de passagers.
Anna suivit Marius jusqu’au mas. Le silence s’était déjà installé entre eux. Tous les deux étaient des taiseux. Pourtant, ils avaient beaucoup d’affection l’un pour l’autre.
Anna avait parcouru le monde durant les trois dernières années. Elle avait voyagé seule, nouant quelques amitiés ça et là. Marius vivait dans son mas situé sur une pente ensoleillée de la montagne, au milieu de la garrigue. Il aimait sa vie retirée, avec ses animaux. Il était le grand-oncle d’Anna.
Enfin ils entrèrent dans la pièce principale du mas, en appréciant la fraîcheur, après cette ascension au soleil.
Marius, à la pointe de la technologie avait suivi le voyage de Anna sur le blog de celle-ci et ils avaient plusieurs fois échangé sur WhatsApp.
– Je me sens bien ici, commença Anna, rien n’a changé. Quel plaisir ! J’ai hâte de crapahuter dans les montagnes avec Sam. Toujours en forme ce brave chien !
– Il faudra attendre que la chaleur soit plus supportable, lui conseilla le vieil homme, l’été est particulièrement caniculaire cette année.
Anna l’interrogea alors :
– Parle-moi du village. Quelles sont les nouvelles ?
– Quand je te dis qu’il y a plus de gens qui s’en vont, c’est au village que je pense. La population vieillit. J’ai perdu de nombreux amis et l’école a fermé, plus assez d’enfants ! Tout ça n’est pas bon pour nous !
– Oui, c’est triste. J’irai demain. Je verrai peut-être Paul. Nous avons gardé le contact toutes ces années. Vive la technologie !
Marius sourit, retrouvant avec plaisir le dynamisme de sa petite nièce.
– Je serai heureux de t’accueillir aussi longtemps que tu voudras. Mais que vas-tu faire ensuite ?
1er décembre 2019