Ma maison

Je rentre de l’école. Je passe par le garage. La porte est peinte en vert. Il y a un petit vantail au milieu de la grande porte que l’on peut replier en entier pour laisser passer notre 404.

Le garage a deux places. L’hiver, mes parents y stockent la caravane. Aux beaux jours, mon père la sort dans la cour et maman lave le garage à grande eau. Il devient alors notre salle de jeu. Nous y installons les poupées, berceaux, landau, dînette, meccano, voitures, légos,… Il y a une table et des chaises. Nous jouons au Monopoly, au Yam, aux cartes avec les enfants du quartier.

Je passe par la chaufferie où se tient la chaudière. Maman y étend le linge en hiver et nous y rangeons les chaussures. On y trouve aussi un établi et des outils soigneusement disposés. J’enfile mes chaussons et je traverse la véranda pour entrer dans la cuisine où je retrouve ma mère. Je l’embrasse.

Quand nous étions petits, mon frère et moi passions beaucoup de temps dans la cuisine avec maman : devoirs, lecture, coloriages, dessins, jeux, bricolages… Quand papa rentrait du travail, il lisait son journal installé sur une chaise de la cuisine. A l’heure du repas du soir, nous rangions toutes nos créations, nos crayons, nos feuilles, nos collections dans un carton, chacun le nôtre, que nous stockions dans le cagibi. C’était une petite pièce avec beaucoup d’étagères qui donnait sur la cuisine et se situait sous l’escalier.

Nous avions une salle à manger et un salon mais nous n’y allions que le week-end, à partir du repas du samedi soir jusqu’à celui du dimanche soir. Mes parents regardaient la télévision dans le salon tous les soirs quand nous étions couchés. Nous restions avec eux le mercredi soir puisque le jeudi était un jour de congé. Nous regardions « La piste aux étoiles ». La salle à manger et le salon étaient peints en orange et gris. J’aimais beaucoup ces pièces parce que nous y passions toujours de bons moments et que ce n’était pas le quotidien.

Au rez-de chaussée se trouvaient également des toilettes. Il y avait une petite fenêtre. Il m’est arrivé de me retrouver coincée parce que j’avais fermé la porte à clef alors j’ouvrais la fenêtre et mon frère passait par là pour me délivrer.

Nous empruntions un escalier de bois pour aller au 1er étage où nous avions nos chambres. A droite, la chambre de mes parents, peinte en violet et juste après, la mienne, peinte en rose. A gauche se trouvait la chambre de mon frère, verte, où nous jouions durant les vacances de Noël. Il avait un train électrique et des maquettes de voitures anciennes. A côté, la salle de bain avec une baignoire sabot et un magnifique fauteuil de bois peint en blanc qui venait de la famille de mon père. Maman me posait debout dessus quand j’étais très petite pour m’essuyer après le bain et m’aider à m’habiller. A cet étage se trouvait un autre escalier de bois pour monter dans un magnifique grenier avec un beau plancher de bois. J’adorais l’odeur. L’hiver, nous y rangions nos jouets, ne gardant que le minimum dans nos chambres. On y trouvait aussi le matériel de bébé, des vêtements que nous n’utilisions plus, différentes malles…

Quand nous rentrons de l’école, maman est toujours disponible pour nous mais quand nous sommes bien occupés, elle tricote. Elle s’arrange pour que le repas du soir soit prêt et elle n’aura plus qu’à le réchauffer. Parfois, elle nous fait des crêpes, un sanciot, du riz-au-lait. Nous mangeons de la soupe tous les soirs. Notre cuisine sent bon et il y fait chaud en hiver. L’été, nous mangeons parfois dans le jardin une trempée au lait. Et nous jouons un peu après le repas : nous faisons la course autour de la maison : à vos marques, prêts, partez ! Enfin, on ne peut pas vraiment faire le tour, il faut toucher la porte du garage et revenir sur nos pas. Nous faisons aussi du vélo ou de la trottinette.

Nous avons définitivement quitté notre maison quand je suis rentrée en Terminale.

Longtemps, je me suis souvenue de chaque bruit de chaque porte et je déambulais mentalement dans les différentes pièces quand je me sentais triste. J’aurais aimé que mes parents y restent et que mes enfants la connaissent aussi. Mais il en a été autrement.

Peu à peu, certains souvenirs se sont effacés. Mais je sais que ces années passées dans ma maison, avec ma famille auront servi de racines solides à tout le reste de ma vie.

26 avril 2018