Félix se rend maintenant au rendez-vous avec son directeur de recherche. Il essaie de ne pas trop anticiper. «On verra bien», se répète-t-il. D’autant plus qu’il pense ne rien désirer de particulier.
Ce matin-là, jour de grève, pas de métro. Félix doit faire le trajet à pied. Il en a pour une bonne heure. En route!
– Je n’aurais pas dû prendre ces chaussures. Leur couleur va bien avec ma tenue mais, s’il se met à pleuvoir, j’aurai les pieds trempés et je déteste ça!
Félix rêve alors d’une balade au bord de la mer les pieds dans l’eau.
– Il y a longtemps que je ne suis pas allé au bord de la mer, je devrais me programmer ça pour le printemps.
Il croise, sur le trottoir, une grand-mère qui promène son petit chien. L’animal se met subitement à aboyer après Félix, le faisant sursauter.
– Excusez-moi, monsieur, c’est votre chapeau. Kiki a peur des hommes à chapeau.
– C’est drôle, pense Félix, ce petit chien me rappelle à mon existence.
Il sourit à la vieille dame et continue son chemin. Il passe près du Trocadero, embarrassé par une intense circulation, due à la grève.
– Je devrais aller voir les nouvelles installations du Musée de l’Homme. J’avais vraiment apprécié la visite des réserves dans le cadre de mes recherches. De nombreux restes humains y sont conservés. Je pourrais maintenant travailler sur ces collections, alliant sciences, histoire et société. Aujourd’hui, on se pose la question de savoir que faire de ces objets. Les Kanaks, par exemple, réclament les pièces qui concernent leur histoire pour les enterrer dignement.
Félix laisse alors dériver sa pensée sur le thème de la colonisation, l’inégalité entre les populations, la suprématie supposée de l’homme blanc…
Enfin, en vue de l’institut de recherche, il se concentre sur l’entrevue qui va avoir lieu. Il entre, salue l’homme posté à l’accueil, face à lui puis se dirige vers l’ ascenseur.
Mais ils sont nombreux à emprunter cet ascenseur. Il se retrouve coincé entre un grand homme chauve et une dame portant un gros sac. Ça y est, il a trop chaud! Et quand il a trop chaud, il se sent mal! Allons, ce sera bref!
Enfin, il arrive près du bureau directorial et frappe à la porte.